découverte plus vieille plante marine
La plus vieille plante marine a 1403 ans

C’est dans les eaux glaciales de la mer Baltique, au large des côtes finlandaises, qu’une découverte scientifique d’ampleur vient de dévoiler l’âge du plus ancien herbier marin jamais identifié. La plante en question, une zostère marine, a traversé plus de quatorze siècles, témoignant d’une longévité hors du commun. Ce spécimen végétal a vu le jour bien avant que Charlemagne ne soit couronné empereur d’Occident, bien avant que le Titanic ne sombre dans les eaux de l’Atlantique, et bien avant les événements historiques majeurs du siècle dernier. Cette avancée remarquable a été rendue possible grâce à une méthode novatrice permettant de déterminer l’âge des plantes marines, méthode mise en œuvre par une équipe internationale de chercheurs issus des universités de Kiel, Londres, Oldenbourg et Davis en Californie.

Le plus vieil herbier marin

Les prairies sous-marines, composées de zostères, ont la particularité de se reproduire par clonage, un processus qui les rend potentiellement immortelles.

Pour la première fois, les scientifiques ont réussi à estimer avec une grande précision l’âge d’un clone de zostère grâce à l’utilisation d’une « horloge génétique ».
Cette méthode consiste à mesurer l’accumulation de mutations génétiques sur une période étendue, révélant ainsi l’âge d’un organisme cloné.

L’étude, publiée dans une revue scientifique a permis de découvrir que cet herbier marin finlandais est âgé de 1 403 ans, un record absolu dans le monde végétal.

En termes de découverte incroyables, des scientifiques ont prouvé que les plantes communiquent entre elles selon les ressentis qu’elles ont avec des cris ultrasoniques.

Pas de symptômes de vieillissement

L’un des aspects fascinants de cette découverte réside dans la capacité de la zostère à échapper aux symptômes habituels du vieillissement.
Contrairement aux organismes humains ou à de nombreuses autres espèces, ces plantes marines semblent capables de maintenir leur intégrité biologique sur des millénaires.

Ce phénomène intrigue particulièrement les chercheurs, qui y voient une opportunité unique pour mieux comprendre les mécanismes du vieillissement dans le règne végétal, et potentiellement, dans d’autres formes de vie.

Selon Thorsten Reusch, écologiste marin et biologiste évolutionniste au centre Geomar à Kiel, cette nouvelle méthode d’estimation pourrait bien révéler l’existence d’organismes encore plus anciens, certains ayant potentiellement plus de 10 000 ans.
Une telle découverte pourrait bouleverser notre compréhension de la longévité et de la résilience dans le monde naturel.

Ecosystème « précieux » et menacé

La zostère marine ne se contente pas d’être un simple vestige du passé, elle joue un rôle déterminant dans l’écosystème marin de la mer Baltique, un environnement fragile et complexe.

Les populations de zostères, qui se reproduisent à travers des fleurs, des graines et des rhizomes enracinés dans les sédiments, créent des habitats indispensables pour de nombreuses espèces marines. De plus, elles contribuent à la séquestration du dioxyde de carbone, une fonction vitale face aux enjeux climatiques actuels.

Pour mieux comprendre, voici l’évolution de la population de zostères ces dernières décennies :

  • Ouest de la mer Baltique : réduction des populations de zostères de 60% au cours des 100 dernières années
  • Est de la mer Baltique : réduction des populations de zostères de 45% au cours des 50 dernières années
  • Région d’Åland : réduction des populations de zostères de 70% au cours des 150 dernières années

Malgré sa résilience et son âge vénérable, cet écosystème est aujourd’hui gravement menacé, la pollution des eaux due aux nutriments issus de l’agriculture et de la sylviculture, couplée à l’augmentation des températures liée au réchauffement climatique, met en péril la survie de ces prairies marines.

Dans l’ouest de la mer Baltique, où Thorsten Reusch mène ses recherches, environ 60 % des populations de zostères ont disparu au cours du dernier siècle. Ce constat alarmant souligne l’urgence d’une action concertée pour préserver ces trésors vivants de notre planète.